Aider les pères et valoriser leur rôle
Un père qui se tient les bras grands ouverts devant son fils qui fait ses premiers pas. Un papa tout attentionné qui prépare le déjeuner à sa fille. «Ce sont des petits gestes du quotidien, comme ça, qui nous montre la beauté de notre travail», explique Mathieu Michaud, coordonnateur de la Maison Oxygène Haute-Gaspésie. Avez-vous déjà entendu parler de cette Maison Oxygène? Ouverte depuis 2021 et basée à Sainte-Anne-des-Monts, elle offre de l’aide aux pères en difficulté. Quels genres de services sont offerts? En quoi aide-t-elle les papas? Et quels conseils peut-on donner aux pères qui souhaitent créer davantage de liens avec leur enfant? On a rencontré Mathieu pour le savoir.
La Maison Oxygène Haute-Gaspésie, c’est quoi?
Quand on pense au nom «Maison Oxygène», on se dit que c’est un endroit pour reprendre son souffle, se poser les pieds, se redonner un élan. Et c’est un peu ça. Parce qu’à la Maison Oxygène Haute-Gaspésie «on accueille les papas avec bienveillance et respect. On écoute leur détresse. On évalue leurs besoins. On les accompagne dans les choses sur lesquelles ils veulent travailler, une par une», explique Mathieu.
La Maison Oxygène Haute-Gaspésie, «c’est une ressource d’aide et d’hébergement père-enfant. On a pour mission de consolider, maintenir et préserver les liens entre les pères et leurs enfants. On a des services d’hébergement, des services externes et des services connexes. Dans tous les cas, un père admis à la Maison Oxygène doit vouloir travailler l’aspect paternité dans sa vie», poursuit l’éducateur spécialisé. Comment ça fonctionne?
Trois façons d’appuyer les pères
«Pour les services d’hébergement, le nom le dit. On offre un toit: question que les papas ne perdent pas le lien avec leurs enfants. C’est souvent lors d’une séparation qu’ils arrivent chez nous, ou lors d’une éviction de loyer. Ça leur permet d’avoir un lieu pour recevoir leurs enfants. Parce que si le papa se ramasse sur le divan d’un ami, à ce moment-là, il y a de fortes chances qu’ils ne puissent pas recevoir ses enfants. À la Maison Oxygène, on a une chambre pour lui et des lits pour ses enfants. On gère 9 lits. On offre toutes les commodités: vaisselle, frigos, etc. Les papas font la cuisine eux-mêmes, sont responsables de leurs enfants», poursuit Mathieu.
«Pour les services externes, c’est varié. C’est en lien avec la paternité, les droits des papas. Souvent, les papas nous arrivent avec du courrier, ne savent pas trop comment s’y prendre, ne comprennent pas trop les démarches à effectuer. On les accompagne là-dedans: au niveau des pensions alimentaires, des allocations familiales, de la recherche d’emploi, etc. On les oriente vers les organismes du milieu. On fait de la référence personnalisée puis on les accompagne aussi. On va toujours au rythme du papa et à partir de son besoin à lui», continue Mathieu.
«Sinon, on a des petits services connexes. On travaille à valoriser le rôle du père, son importance dans la vie de ses enfants. On s’implique dans l’organisation d’activités comme la Course des papas qui a eu lieu en juin dernier, lors de la Semaine québécoise de la valorisation de la paternité, en collaboration avec d’autres organismes du milieu. L’été, nous recevons la visite depuis quelques années du projet Gespeg, de l’organisme CooPÈRE, de Montréal, qui travaille aussi à valoriser la paternité. Cet hiver, on a aussi des activités d’apprentissages par le jeu, qui s’appellent Avec papa, c’est différent, qui développent le lien père-enfant», complète-t-il.
Rouler le rouleau
Mathieu explique que plusieurs pères attendent d’être au bout du rouleau avant d’aller chercher de l’aide. Or, les intervenantes et intervenants de la Maison Oxygène les aident à «rouler le rouleau, retrouver leur équilibre, reprendre leur vie en main. Souvent, pour ces pères, les problèmes ont l’air d’une montagne, d’un éléphant à manger. On portionne ça en petits pots. On travaille là-dessus un petit peu à la fois puis, à un moment donné, on s’aperçoit que le gros de la job est faite, que les problèmes se règlent par petites bouchées», explique-t-il. L’accompagnement qu’il donne aux pères pour travailler sur eux-mêmes et sur leurs habiletés paternelles, il le décrit comme un outil: «moi, je suis le marteau, le papa, c’est le charpentier-menuisier».
Est-ce qu’on n’a pas tous, à un moment ou à un autre, besoin d’outils pour faire nos travaux? Alors, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide auprès de la Maison Oxygène. C’est ce que souligne Mathieu. «Souvent, pour un homme, demander de l’aide, c’est difficile. Nous, on essaie d’apprendre aux papas d’avoir l’humilité de demander de l’aide. Notre slogan, c’est: Demander de l’aide, c’est courageux. On veut défaire ce mythe-là de l’homme qui n’a pas besoin de personne. Sèche tes pleurs: ce n’est pas dans notre discours. Au contraire. Permets-toi de pleurer, d’avoir accès à tes émotions, cesse d’accumuler», poursuit Mathieu.
À la Maison Oxygène, «on voit de belles réussites. L’année dernière, on a eu deux placements d’enfants évités parce que les pères ont travaillé sur eux-mêmes», souligne le coordonnateur, qui trouve beaucoup de valorisation dans son travail à voir les pères progresser et s’engager dans la vie de leurs enfants.
Un père, c’est important
Et pourquoi est-ce que la Maison Oxygène Haute-Gaspésie met l’accent sur l’importance du lien père-enfant? Parce que «le lien père-enfant, c’est aussi important que le lien mère-enfant. L’enfant observe et apprend des comportements de papa et de maman, l’un comme l’autre», répond Mathieu.
De récentes études expliquent les bienfaits de l’engagement des pères dans la vie de leurs enfants. On parle de bénéfices au niveau des habiletés cognitives (par exemple: de meilleurs résultats scolaires), langagières (par exemple: le développement du vocabulaire) et socioémotionnelles (par exemple: une diminution de l’anxiété).
Mathieu l’observe, les pères s’investissent de plus en plus. «Je suis fier des papas gaspésiens. Apparemment, les papas sont tous présents dans les dernières cohortes des cours prénataux ici, en Haute-Gaspésie. On voit aussi davantage de papas avec des sacs à couches, qui donnent des soins à leurs enfants. Je pense que: plus il y aura de pères engagés qui seront vus et valorisés dans la société, plus ça va donner le goût à d’autres pères de s’investir», ajoute-t-il.
Comment créer plus de liens avec son enfant?
Pour finir, on a demandé à Mathieu de partager ses trucs. En tant que père: comment créer des liens plus forts avec notre enfant?
«Ce n’est pas sorcier. Pour développer un lien, il faut passer du temps avec ses enfants. Un truc: raccrochez, déposez votre téléphone et jouez avec vos enfants. L’apprentissage par le jeu père-enfant, c’est winner. Puis, il y a les soins de base accordés aux enfants: changer la couche, brosser les cheveux, la routine du dodo: la berceuse, lire une petite histoire. Voilà de petits trucs pour développer des liens. C’est aussi d’être investi dans la vie de votre enfant: aller à la rencontre scolaire des bulletins, accompagner vos enfants dans leurs activités parascolaires: les encourager à l’aréna si votre enfant joue au hockey ou fait du patinage artistique. Ça aussi, ça permet d’entretenir des liens», explique-t-il. Les pères présents et engagés se rendent comptent à quel point tisser des liens avec leur jeune est important. Être père, c’est la plus grande aventure d’une vie. Une expérience unique. Enrichissante. Incomparable.
Les pères sont des modèles pour leurs jeunes. Être là pour ses enfants, mais aussi savoir demander de l’aide quand on en a besoin: n’est-ce pas la meilleure façon de jouer ce rôle?
Besoin d’aide ou d’information? Contactez la Maison Oxygène Haute-Gaspésie.