Empathique, motivé et à l’écoute, Patrick Jacques est probablement le tout premier «travailleur de quai» du Québec. Alors que le milieu de la pêche vit de sérieux bouleversements, il va à la rencontre des personnes, dans la MRC de la Côte-de-Gaspé, pour leur offrir son aide. En quoi consiste son travail? De quelle façon soutient-il les pêcheurs, les gens de l’industrie de la pêche et leur entourage? Et quel est son conseil pour diminuer l’anxiété et nous aider à prendre soin de nous-mêmes? On l’a rencontré pour le savoir.

Éducateur spécialisé de formation, Patrick est intervenant psychosocial de proximité pour le secteur des pêches, pour l’organisme Convergence, depuis mars 2024. Son rôle? «C’est d’être une personne pivot qui fait le lien entre les personnes, les ressources, qui facilitent l’accès aux services pour les gens dans le domaine des pêches, mais aussi pour toute autre personne de la communauté qui a besoin d’aide de 16 à 99 ans, hommes et femmes. Je fais des références et je fais de l’accompagnement», explique-t-il.

Pourquoi porter une attention particulière au milieu de la pêche?

Le poste de Patrick a été créé récemment, en vertu d’une entente tripartite entre Convergence, la MRC de La Côte-de-Gaspé (dans le cadre de la Démarche intégrée en développement social de La Côte-de-Gaspé), et la Santé publique du CISSS de la Gaspésie. L’objectif? Offrir de l’aide spécifique aux gens impactés par les difficultés vécues dans le milieu de la pêche. Car, ça répond à un réel besoin.

C’est ce qu’observe Patrick au fil de ses discussions avec les gens du milieu. «Honnêtement, les pêcheurs vivent énormément de stress. Oui, il y a les quotas: ils ne peuvent plus pêcher autant que les autres années. Mais il y a le manque de ressources aussi. Ils vont à la pêche et il y a moins de crevettes, moins de poissons. C’est une réalité qui amène énormément de stress à cause que c’est leur gagne-pain. Certains se sentent responsables pour leur équipe, qui sont là pour leur famille aussi. Ça en fait beaucoup sur les épaules de ces personnes-là. Il y a aussi plusieurs pêcheurs qui vendent leur permis, leurs bateaux, qui repartent à zéro. Pour eux autres, il y a un stress également», explique l’intervenant.

Comment aide-t-il les personnes qui vivent cette anxiété? «C’est de les écouter. Comme n’importe qui dans la population, ils peuvent vivre des difficultés. Moi, je les accompagne pour essayer de trouver des solutions à ce qu’ils vivent. Ça peut être par exemple de la recherche d’emploi pour le monde qui ne veut plus travailler dans le domaine des pêches. Ou ça peut être un besoin au point de vue de la santé: je vais les accompagner pour qu’ils aient accès à un médecin de famille. En les aidant à faire diminuer leur stress, ils sont capables de se concentrer plus sur leur travail. Ça fait baisser la tension», répond Patrick.

Le travail du travailleur de quai

Un intervenant psychosocial de proximité dédié au secteur des pêches, ça n’existait donc pas vraiment avant. Alors comment Patrick a-t-il été reçu dans le milieu, au début? Qu’ont pensé les gens de son arrivée? «J’ai été vraiment très bien accueilli, autant de la part du monde sur les quais que le regroupement des capitaines propriétaires. Je suis arrivé là et tout le monde était très content de me voir. Ça se passe très bien. La collaboration avec eux, c’est merveilleux. Dès la première semaine, ils m’ont appelé le «travailleur de quai». Ça veut dire que les gens m’identifient vraiment au domaine des pêches. C’est vraiment intéressant», répond Patrick.

«Depuis que j’ai commencé, je m’en aperçois: c’est dans le concret  que les gens du milieu de la pêche ont des besoins, dans l’accompagnement, dans les actions. Je fais des interventions, je les accompagne vers des services. Ça me nourrit en tant qu’intervenant. Je suis plus qu’à ma place, je m’en aperçois», poursuit Patrick, quand on lui demande comment il se sent dans son nouveau rôle de travailleur de quai. Car, manifestement, il fait une différence pour les personnes qu’il aide.

De quoi a l’air ses journées de travail? «Je passe énormément de temps sur les quais, dans le secteur Rivière-au-Renard. Je ne vais pas tout le temps aller parler aux pêcheurs, parce qu’ils travaillent, mais l’important, c’est qu’ils voient que je suis là et qu’ils savent que je vais être là quand ils vont en avoir besoin. Je me promène dans le secteur. Je vais avoir bientôt une vignette, un autocollant qui va m’identifier, ce qui fait que tout le monde va savoir que c’est moi le travailleur psychosocial de proximité pour le secteur des pêches, ça va faciliter mon travail», explique-t-il. Il ajoute qu’il travaille aussi à créer des liens avec les services et les organismes existants pour soutenir les travailleurs du milieu des pêches de façon étendue. «Je parle des pêcheurs, mais il y a le monde des usines aussi», précise-t-il.

Une astuce pour favoriser notre bien-être

Si Patrick avait un seul conseil à nous donner pour faire diminuer l’anxiété et favoriser notre bien-être, ce serait quoi? «La communication», répond-il.

«Parler de ses problèmes, de sa réalité. Des fois, ça peut sembler quelque chose de banal, mais le fait d’en parler, ça peut donner une vision extérieure et amener des pistes de solution que la personne n’aurait pas pensée», poursuit-il. Car selon lui, c’est n’est pas parce qu’on ne voit pas de solutions à nos problèmes qu’elles n’existent pas. Aller chercher de l’écoute et un appui de l’extérieur, que ce soit auprès de nos proches, de lui, ou auprès d’autres organismes ou services, ça peut vraiment être bénéfique, explique-t-il.

Parce que communiquer, se confier, ça fait du bien.

 

Vous avez besoin d’aide et vous aimeriez parler à un intervenant? Vous pouvez contacter l’organisme Convergence – Service d’aide aux hommes de la Gaspésie au 855 866-4455 ou encore, contacter Patrick directement au 418-967-8990.