Et si on prenait un instant pour se rendre compte des petites victoires du quotidien? Si, «au lieu de voir tout ce qu’il y a à faire, on voyait aussi ce qu’on a fait, les accomplissements qu’on a été capable de réaliser dans la journée ou dans la semaine»? C’est l’une des astuces que nous propose Audrée Bourdages, d’Au cœur des familles agricoles, pour être plus satisfait de soi-même et pour se sentir bien. Travailleuse de rang en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, Audrée nous parle de l’accompagnement qu’elle offre et partage quelques conseils pour vivre la vie à son meilleur.
Travailler dans un rang?
Au cœur des familles agricoles, ça vous dit quelque chose? «C’est un organisme provincial présent dans la plupart des régions administratives du Québec. On vient en aide aux agriculteurs, aux agricultrices et à leur famille pour favoriser leur bien-être et leur santé mentale. Nos intervenantes et intervenants sont là pour les aider à trouver un meilleur équilibre de vie à travers ce que ces gens vivent dans leur métier», explique Audrée. Travailleuse sociale de formation, Audrée a grandi sur une ferme laitière. En tant que travailleuse de rang, c’est elle qui offre les services d’Au cœur des familles agricoles dans notre région depuis l’automne 2021.
Mais qu’est-ce que ça fait, une travailleuse de rang? «Mon rôle est très large. Ça dépend vraiment des besoins de chaque personne que j’accompagne. Ce que je vise, c’est mettre la priorité sur l’humain derrière l’entreprise agricole. Parce que souvent, les agriculteurs et les agricultrices sont des gens super dévoués envers leur métier; ils vont mettre toutes leurs énergies sur leur entreprise; et ils ont tendance à s’oublier un peu. Si j’arrive à ce que la priorité soit ramenée sur eux, sur leurs besoins individuels, ça sera mission accomplie. Et ça se fait de plusieurs façons. Je peux offrir du soutien individuel; on discute des situations vécues puis on essaie de trouver des solutions ensemble. Parfois, le processus implique aussi des rencontres familiales. D’autres fois, ça peut impliquer d’orienter les gens vers d’autres ressources, par exemple: des comptables, des conseillers agricoles ou des professionnels du réseau de la santé et des services sociaux. On est un peu la porte d’entrée pour la population agricole. En plus, ce qui nous distingue, c’est notre flexibilité et notre volonté d’offrir des services adaptés. Je me rends sur les fermes. S’il y a une personne qui me reçoit et qui est en train de faire sa besogne ou qui est dans son tracteur, bien, je vais avec la personne et on discute pendant qu’elle travaille», explique Audrée.
Des conseils pour se sentir bien
Vous êtes vous-même un agriculteur? Ou encore, vous avez des proches qui travaillent dans le milieu agricole? On a demandé à Adurée de nous partager un autre de ses trucs bien-être. Elle répond qu’une des astuces qu’elle donne souvent, c’est de «ralentir le rythme quand la saison le permet». Parce qu’il arrive que les producteurs et productrices agricoles mettent les bouchées doubles dans l’espoir d’avoir «de vraies vacances, entre guillemets, comme les gens de la population en général», qui finalement, ne se réalisent pas. Alors que, «profiter des moments plus calmes pour ralentir, ça peut être un bon moyen de prendre soin de soi. Ça peut avoir autant d’effets bénéfiques que quelqu’un qui s’en va en vacances quelques jours. Ça permet aux agriculteurs et agricultrices de se préserver dans leur métier devant la grande charge de travail à accomplir au quotidien», explique-t-elle.
Mais quoi faire si, à un moment donné, ça ne va plus? «C’est sûr que les conseils de base qui s’appliquent à la population en général s’appliquent aussi aux agriculteurs. Je pense, entre autres, à l’importance d’avoir un réseau social, des gens autour de nous qui nous offrent du soutien. Quand ça ne va pas, c’est toujours aidant de pouvoir discuter avec quelqu’un en qui on a confiance. Sinon, l’autre chose qui me vient à l’esprit, c’est certainement d’appeler Au cœur des familles agricoles. C’est une bonne solution parce que ça permet d’avoir une réponse rapide. Il y a un intervenant qui est responsable de la ligne de téléphonique. Donc, même si moi, je ne suis pas disponible pour répondre au téléphone, les producteurs agricoles peuvent parler rapidement à quelqu’un. Ce service-là est accessible de 8 h à 20 h, du lundi au samedi. Parfois, juste de pouvoir ventiler, d’exprimer ce qu’on ressent, puis d’amorcer une réflexion avec quelqu’un de neutre, ça peut être aidant. Après ça, c’est sûr que si la personne veut un suivi, la demande va m’être acheminée si elle se trouve en Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine», répond Audrée.
Au cœur des familles agricoles a aussi une maison «à Saint-Hyacinthe, ouverte à tous les agriculteurs et à toutes les agricultrices de la province. Pour y avoir accès, il faut préalablement avoir discuté avec la travailleuse de rang qui évalue la situation», ajoute Audrée. Séjourner dans cette maison, c’est une occasion d’avoir un répit. «Généralement, ce sont des séjours qui commencent le lundi et qui se terminent le vendredi. Il y a une intervenante sur place qui accompagne la personne en répit et qui fait des rencontres quotidiennes pour lui permettre de prendre un pas de recul et de réfléchir à certains enjeux qu’elle rencontre. Souvent, les producteurs et productrices agricoles vivent de l’épuisement ou des remises en question, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. Séjourner là-bas, c’est super reposant et c’est généralement bien apprécié des gens qui en bénéficient», poursuit Audrée.
Parler du bien-être des hommes, c’est important
Au cœur des familles agricoles vient en aide autant aux clientèles féminines que masculines. Pourtant, «il y a encore énormément de tabous par rapport à la santé mentale chez les hommes», pense la travailleuse de rang, qui s’implique aussi à la Table de concertation sur les réalités masculines GÎM. Selon elle, il faut travailler à déconstruire certaines croyances (par exemple: les hommes doivent toujours s’arranger par eux-mêmes). Elle explique à quel point un appui et un accompagnement personnalisé peuvent faire une grande différence dans la vie des personnes qu’elle rencontre. «Un coup que l’étape – pas toujours facile – de la demande d’aide est franchie, qu’on a créé un lien de confiance, puis que la personne s’ouvre, ça laisse tellement de la place à de belles réussites». Audrée ajoute que «les gens sont super reconnaissants», parce qu’ils trouvent des solutions auxquelles ils n’auraient pas nécessairement pensé seuls, une aide adaptée à leurs besoins, un coup de pouce pour aller mieux.
Quoi retenir? Qu’il ne faut pas hésiter à chercher du support quand on vit des difficultés. Les services d’Au cœur des familles agricoles sont gratuits et confidentiels. Et ils peuvent faire une grande différence. Alors si vous sentez que ça ne va pas, ne restez pas seuls avec vos problèmes. Parce que demander de l’aide, c’est fort.
Pour en savoir plus ou pour contacter Au cœur des familles agricoles, visitez son site Web.